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Quand les élus du conseil national de l'ordre dérivent sur les dérives !
14 décembre 2016

Le conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CNOMK) a rendu un avis sur les dérives thérapeutiques : « Commet une faute déontologique au sens des articles R. 4321-65, R. 4321-80 et R. 4321-87 du code de la santé publique, le kinésithérapeute qui promeut auprès de tous publics, ou qui utilise pour ses patients dans le cadre de la prévention, du diagnostic et/ou du soin, une méthode non éprouvée sur le plan scientifique, ou qui ne bénéficie d’aucun consensus professionnel. »

La FFMKR souhaite rappeler aux élus du CNOMK certains fondamentaux de la science.

Selon Karl Popper dont les écrits font référence dans le monde scientifique, « le critère de la scientificité d'une théorie réside dans la possibilité de l'invalider, de la réfuter ou encore de la tester. Tant qu'une théorie réfutable n'est pas réfutée, elle est "corroborée" »Pour Popper, la corroboration remplace la vérification.

La FFMKR souhaite donc informer tous les masseurs-kinésithérapeutes que selon les normes scientifiques reconnues dans le monde, toutes les pratiques et les techniques qui n'ont pas été réfutées (invalidées par une épreuve scientifique), correspondent aux données actuelles de la science.

Si nous ne pouvons que féliciter notre CNOMK de veiller à encadrer les pratiques potentiellement sources de dérives thérapeutiques, la FFMKR dénonce le côté radical de la chose et l’absence de modération des propos du CNOMK.

Le CNOMK semble confondre "les données actuelles de la science" qui autorisent les techniques qui n'ont pas été réfutées (parfois en cours d'évaluation) et "une méthode qui n'a pas été éprouvée par la science" qui exclut toutes les techniques non validées, ce qui constitue une atteinte à la profession toute entière et qui exclut toute possibilité d'évolution.

Le CNOMK s'est servi de la définition du Parlement européen qui précise qu'une"dérive thérapeutique est constituée par « toutes les pratiques thérapeutiques non fondées sur les données actuelles de la connaissance scientifique et/ou sur des travaux de méthodologie rigoureuse et contrôlée, effectués par des expérimentateurs indépendants de tout intérêt lucratif quelconque ».

Quand le CNOMK précise en conclusion que : « Par conséquent, proposer des soins non validés scientifiquement en l’absence de consensus professionnel constitue une dérive thérapeutique et contrevient aux obligations déontologiques », il s'attaque à la diversité de la kinésithérapie qui n'est pas une science, mais un art comme la médecine.

Enfin, où se trouve la logique lorsque le CNOMK précise "s'appuyer sur tout avis scientifique" alors qu’il se sert lui-même de la définition du Parlement européen qui est une institution politique. 

La FFMKR est fière d'avoir contribué à la création du conseil de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes et revendique fermement son utilité.

Néanmoins, la FFMKR est tout aussi opposée à ce que certaines dérives puissent transformer l'essence même de l'institution ordinale en un seul organisme de contrôle/sanction des professionnels, stigmatisant et exposant juridiquement certains confrères utilisant ponctuellement, parmi l’ensemble des techniques à leur disposition, des pratiques en attente de validation scientifique.

À l’heure où fleurissent tant de nouvelles professions dites du bien-être ou de médecines alternatives, ne vaudrait-il pas mieux laisser la pratique de certaines techniques aux professionnels de santé et notamment aux MK, afin de les encadrer et justement d’éviter les dérives ?

Servons-nous des erreurs du passé sur la marginalisation de l'ostéopathie où en son temps, nous placions tout MK utilisant les manipulations vertébrales en situation d’exercice illégal… Les responsables politiques de l'époque ont créé une Chimère (ostéopathe ni-ni) et nous voyons désormais, aujourd'hui, où nous en sommes !

Tags : CNOMK dérives