

Améliorer rapidement et visiblement l’accès aux soins avec les Kinésithérapeutes
L’ensemble des propositions portées par la FFMKR visent à améliorer le parcours patient, participer à l’indispensable révolution de notre système de santé qui doit urgemment se tourner vers la prévention, pour lutter contre le fardeau des maladies chroniques, dans un contexte de vieillissement de la population.
Nous proposons donc :
• Des solutions pour faire face à la dépendance et favoriser le bien vieillir
→ Faciliter le repérage de la fragilités
→ Prévenir les chutes
→ Créer une fonction de kinésithérapeute coordonnateur au sein des EHPAD et l’HAD
→ Revaloriser et faciliter les soins à domicile
→ Préserver les aidants
• Organiser la prévention à tous les âges de la vie
→ Réaliser des bilans préventifs kinésithérapiques aux âges clés de la vie
→ Permettre aux kinésithérapeute de prescrire de l’activité physique adaptée (APA)
→ Créer un statut de kinésithérapeute en santé au travail

• Renforcer et développer l’accès aux soins en mobilisant les kinés
→ Accélérer le déploiement de l’accès direct
→ Développer le droit de prescription
→ Reconnaître et valoriser les spécificités d’exercice
→ Intégrer les kinésithérapeutes aux services d’urgence, aux maisons de garde et dans la permanence des soins
• Mobiliser pleinement le potentiel des kinésithérapeutes pour répondre aux enjeux du système de santé et aux besoins des usagers-patients
→ Reconnaître le statut de profession médicale à la kinésithérapie
→ Accélérer la coordination des soins autour du patient avec des équipes agiles ESCAP ou ETS (équipe traitante de soin)
→ Intégrer pleinement l’année universitaire précédant les études en IFMK au modèle Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie (MMOP)
→ Reconnaître le statut d’enseignant-chercheur bi-appartenant en kinésithérapie

LA FFMKR, PREMIER SYNDICAT NATIONAL REPRÉSENTATIF DES KINÉSITHÉRAPEUTES
Depuis 1963, la Fédération Française des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR) informe, accompagne et représente les intérêts des masseurs-kinésithérapeutes.
En sa qualité de syndicat représentatif majoritaire, la FFMKR participe à l’ensemble des négociations sectorielles et nourrit un dialogue proactif avec les acteurs de la santé, les décideurs publics et l’assurance maladie.
Forte de plus de 5 000 adhérents, la fédération est composée de 95 Syndicats Départementaux autonomes constitués d’un Conseil d’administration et d’un Bureau. Les 18 régions françaises, métropolitaines comme Ultra-marines, sont représentées. Près de 400 élus départementaux et régionaux siègent dans différentes instances (CPD, CPR, URPS, UNAPL départementale et régionale, Centre départemental et régional des professions de Santé...).
La FFMKR est membre de l’UNAPL, de la FFPS et des Libéraux de Santé dont elle assure la présidence.
La FFMKR est membre fondateur de la FIOPF (fédération internationale des organisations de physiothérapeutes francophones) et de la WCPT-Er (branche Européenne de la WCPT).
La FFMKR a remporté les dernières élections URPS dans 14 régions sur 17 et en préside 11.
SOMMAIRE
■ PRÉAMBULE
■ CARTE D’IDENTITÉ DES KINÉSITHÉRAPEUTES LIBÉRAUX
■ LE MOT DU PRÉSIDENT DE LA FFMKR
■ 15 PROPOSITION ET 10 ENGAGEMENTS
■ AXE 1 : ORGANISER LA PRÉVENTION À TOUS LES ÂGES
• « Pour préserver le capital santé de tous en développant la prévention tout au long de la vie »
■ AXE 2 : AGIR SUR LES DÉTERMINANTS MODIFIABLES DE LA DÉPENDANCE
■ AXE 3 : RENFORCER ET DÉVELOPPER L’ACCÈS AUX SOINS
• « Pour donner davantage d’autonomie au kinésithérapeute »
■ AXE 4 : FLUIDIFIER LES PRISES EN CHARGE
• « Pour faire de la kinésithérapie une profession médicale »
PRÉAMBULE
L’OMS recommande d’inclure la rééducation comme soin essentiel, au même titre que les soins médicaux, car c’est un investissement dans le capital humain et dans la santé.
La rééducation contribue au développement économique et social du pays en permettant d’alléger le fardeau de la société en termes d’incapacité au travail, d’arrêts de travail, d’iatrogénie, de dépendance.
Le système de santé actuel peine à contenir une demande de soins qui augmente, alors que la densité médicale diminue, contractant l’offre de soins.
Cette situation contribue notamment à engorger les services d’urgence au moment où les hôpitaux se retrouvent eux-mêmes en grande difficulté.
Pour pallier les difficultés d’accès aux soins, vécues comme une injustice par les patients et les effets délétères des retards de prise en charge, des réponses pragmatiques d’application immédiate, produisant des améliorations rapides, existent.
Elles sont à portée de main du futur président de la République, qui doit s’appuyer sur les kinésithérapeutes dont l’effectif augmente et dont les compétences progressent, ce qui permet de développer de nouveaux champs d’intervention.
Le statut des kinésithérapeutes doit évoluer vers celui d’une profession médicale à part entière avec une autonomie accrue, en lien avec le médecin traitant.
Cette évolution est naturelle et indispensable pour mobiliser les 77 000 kinésithérapeutes libéraux organisés et structurés dans des cabinets regroupant plusieurs professionnels entourés de collaborateurs, sur les grands enjeux du prochain quinquennat.
CARTE D’IDENTITÉ DES KINÉSITHÉRAPEUTES LIBÉRAUX
→ Une profession jeune
Âge moyen: 41 ans
Un effectif en progression...
Le nombre d’installations en libéral a augmenté de 53,4 % entre 2005 et 2015 passant de 1 870 kinésithérapeutes nouvellement installés en 2005 à 2 868 kinésithérapeutes en 2015, soit une croissance annuelle moyenne de 4,4 %.
L’installation est régulée dans le cadre conventionnel afin d’optimiser le maillage territorial et d’être présents dans les déserts médicaux.
… mais une croissance démographique des kinésithérapeutes insuffisante en regard de l’augmentation de la demande de soins liée au vieillissement de la population.
Malgré la progression du nombre de kinésithérapeutes, le vieillissement de la population accroît la demande de soins : 9 kinésithérapeutes sur 10, sur l’ensemble du territoire, constatent une augmentation de la demande.
→ CHIFFRES CLÉS
5,7 Md€ de dépenses en 2020
La consommation de soins de masso-kinésithérapie s’élève à 5,7 Md€ en 2020 (source DREES).
La croissance moyenne des dépenses de kinésithérapie en ville s’établit à 3 % depuis 10 ans. Les dépenses ont toutefois reculé de près de 10 % entre 2019 et 2020 sous l’effet de la crise sanitaire et des mesures de confinement.
28 % des actes de kinésithérapie sont en lien avec la dépendance ( AMK et AMC)→ 15 % de baisse de revenus en 10 ans pour les kinésithérapeutes
Le revenu moyen de l’activité a reculé de 3 200 € sur la décennie, passant de 44 000 € en 2013 à 40 800 € en 2019 (source UNASA). Sur la même période, l’inflation a été de 9,3 % : pour suivre l’inflation, le revenu des kinésithérapeutes aurait dû s'élever à 48 110 €. Au total, depuis 2013, les kinésithérapeutes ont donc perdu 15 % de revenus.
Cette situation s’explique par le gel des tarifs subis par la profession depuis plus de 10 ans.
LES DOMAINES D’INTERVENTION DU KINÉSITHÉRAPEUTE
Le kinésithérapeute met en œuvre les traitements de rééducation en orthopédie, rhumatologie, pédiatrie, vestibulaire, neurologie, traumatologie, ainsi que pour les problèmes respiratoires, cardiovasculaires et lymphatiques.
Sur l’ensemble du territoire, les kinésithérapeutes apportent des soins consciencieux destinés à améliorer la qualité de vie des personnes. Ils permettent aux patients porteurs de maladies chroniques, dans les suites d’un traumatisme ou en phase post-opératoire, de retrouver l'antalgie et diminuer la prise médicamenteuse, mais aussi d'améliorer les capacités fonctionnelles pour recouvrer ou entretenir leur autonomie, permettant ainsi de réduire le recours aux arrêts de travail.
Les kinésithérapeutes prennent en charge 9,6 millions de personnes, soit 17 % de la population française affiliée au régime général. Chaque jour, ce sont près d’un million d’actes qui sont réalisés par les kinésithérapeutes.
LE MOT DU PRÉSIDENT DE LA FFMKR
Accessibles à 100 % des Français en moins de 15 minutes(1) grâce à la force de leur maillage territorial, les kinésithérapeutes doivent être mobilisés pour répondre aux problématiques de notre société.
Face aux défis du vieillissement de la population, du développement des maladies chroniques et du handicap, ainsi que de la désertification médicale, de nouvelles prises en charge innovantes doivent être développées en ville pour améliorer le niveau d’accès aux soins et allonger l’espérance de vie en bonne santé.
Le développement de nouvelles pratiques chirurgicales témoigne du rôle clé du kinésithérapeute, notamment dans le cadre de la récupération améliorée après chirurgie (RAAC) qui accélère significativement la sortie d’hospitalisation, permet au patient de retrouver plus rapidement son autonomie et diminue les risques de complication.
La FFMKR porte la conviction que les kinésithérapeutes souhaitent être pleinement mobilisés pour transformer l’organisation des soins, répondre à l’urgence de l’accès aux soins et contribuer à désengorger les établissements.
Les propositions que nous formulons pour alimenter la réflexion et le débat à l’occasion de l’élection présidentielle de 2022, s’articulent autour de quatre directions :
→ Organiser la prévention à tous les âges ;
→ Agir sur les déterminants modifiables de la dépendance ; Renforcer et développer l’accès aux soins ;
→ Fluidifier les prises en charge.
Et notre profession est prête à prendre des engagements forts et des responsabilités nouvelles, pour garantir à leurs patients et à la société une offre de soins efficace et accessible.
Sébastien GUERARD
(1) 98 % des Français résident à moins de 10 minutes d’un kinésithérapeute, et 81 % des Français ont un kinésithérapeute dans la commune où ils résident (source : Système de santé et économie-Frédéric Bizard, Economiste)
15 propositions et
10 engagements pour :
→ Organiser la prévention à tous les âges
→ Agir sur les déterminants modifiables de la dépendance
→ Renforcer et développer l’accès aux soins Fluidifier les prises en charge
AXE 1 : ORGANISER LA PRÉVENTION À TOUS LES ÂGES
Les kinésithérapeutes sont prêts à relever les défis de demain en accompagnant l’allongement de l’espérance de vie des patients atteints de pathologies lourdes. Cela passe par une politique de santé axée sur la prévention, à laquelle les kinésithérapeutes prendront part, grâce à leur expertise.
Les kinésithérapeutes sont des promoteurs de la prévention à tous les âges de la vie et leur rôle de coordinateur de la prévention doit être renforcé. Donner davantage de missions préventives aux kinésithérapeutes permettra, grâce à leur présence sur tout le territoire, d’accélérer la mutation d’un système de santé majoritairement basé sur le curatif, à un système basé sur la prévention.
« Pour préserver le capital santé de tous en développant la prévention tout au long de la vie »
■ 1- Réaliser des bilans préventifs kinésithérapiques aux âges clés de la vie
Le kinésithérapeute accompagne l’ensemble de la population tout au long de la vie.
Il est promoteur de la prévention, de l’activité physique adaptée, du repérage des risques (sédentarité, comportement à risque, chutes...).
La réalisation de bilans préventifs de kinésithérapie aux âges clés de la vie, pris en charge par l’Assurance maladie, s’inscrit dans une stratégie globale de prévention. Ces bilans pourront être réalisés à 8 ans, 16 ans, 40 ans, au passage à la retraite, et à 70 ans et plus.
■ 2- Permettre au kinésithérapeute de prescrire de l’Activité Physique Adaptée
La lutte contre la sédentarité fait partie des enjeux clés de la prévention et a été encore plus mise en lumière pendant la crise sanitaire.
L’activité physique et sportive est reconnue par la Haute autorité de santé (HAS) comme une thérapeutique non médicamenteuse depuis 2011, et la stratégie nationale sport santé 2019-2024 promeut la pratique de l’activité physique chez les personnes souffrant de pathologies chroniques. Mais le manque de prescripteurs d’APA ainsi que l’absence d’un référent unique clairement identifiable font que les objectifs ne sont pas atteints dans ce domaine. Les kinésithérapeutes français possèdent une expertise du mouvement de haut niveau, avec des compétences en activité physique adaptée (APA) au grand âge, au handicap et à la maladie chronique. Le kinésithérapeute doit pouvoir prescrire de l’APA. Il est une passerelle naturelle entre le monde de la Santé et celui du Sport.
■ 3- Créer un statut de kinésithérapeute en santé au travail
Le kinésithérapeute est promoteur de la prévention, de l’activité physique adaptée mais aussi du repérage des troubles musculosquelettiques (TMS), et plus largement des risques liés à l’activité professionnelle.
Le développement du télétravail ces deux dernières années a démontré un véritable besoin de suivi des personnes actives pour prévenir ces troubles. Dans ce contexte, nous proposons d’inscrire dans le Code du travail le kinésithérapeute en santé au travail dans l’équipe pluridisciplinaire de santé au travail. Ce statut sera la reconnaissance de la compétence spécifique des kinésithérapeutes ayant validé un cursus de formation au sein de réseaux propres à la profession et ayant acquis une expérience de terrain en santé au travail.
SANTÉ AU TRAVAIL : • Les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent plus de 88 % des maladies professionnelles en 2019, en augmentation de 2,3 %, et dont la moitié laissent de graves séquelles (incapacité permanente partielle) [source Cnam : risques professionnels]. • Une partie non négligeable des soins liés à ces TMS est prise en charge en soins de ville par l’Assurance maladie au lieu du risque professionnel (branche AT/MP) avec un coût conséquent pour la société. |
AXE 2 : AGIR SUR LES DÉTERMINANTS MODIFIABLES DE LA DÉPENDANCE
Le vieillissement de la population française et la dépendance constituent les enjeux majeurs de demain. Selon l’INSEE, les personnes âgées de 60 ans et plus sont au nombre de 15 millions aujourd’hui et seront 20 millions en 2030, puis près de 24 millions en 2060. Maintenir les seniors dans l’autonomie le plus longtemps possible constitue la clé de voûte de la prise en charge du grand âge.
Pour cela, notre système de santé doit évoluer vers une prévention active de la perte d’autonomie, dont les kinésithérapeutes sont naturellement les effecteurs. Les kinésithérapeutes interviennent dans la détection précoce de la fragilité et sont des experts de terrain dans la prévention. Ils contribuent à l’allongement de l’espérance de vie des patients atteints de pathologies lourdes.
LA PERTE D’AUTONOMIE ET LES CHUTES EN CHIFFRES • En 2040, 10,6 millions de personnes auront 75 ans ou plus. Chiffres chutes des personnes âgées • Chaque année, 2 millions de personnes âgées de plus de 65 ans chutent. Parmi elles, 12 000 décèdent. |
« Pour mobiliser pleinement le potentiel des kinésithérapeutes, experts de la rééducation et du maintien de l’autonomie »
■ 4- Prévenir les chutes en facilitant le repérage et le diagnostic de la fragilité
Le kinésithérapeute possède une expertise de terrain dans la préservation de l’autonomie des personnes âgées. Il est en capacité, dès 60 ans, d’établir un bilan de prévention du risque de chute, de détecter lors de soins de kinésithérapie les risques de perte d'autonomie ou encore de travailler l'ergonomie de proximité. Autoriser les kinésithérapeutes à effectuer le diagnostic de la fragilité en accès direct, financé par l’Assurance maladie, permettrait d’améliorer l’efficacité de ces repérages précoces, dans l’intérêt du patient et de prévenir leur risque de chute.
La chute est la 3e cause d’admission en médecine aiguë et première cause d’accidents mortels chez les seniors. Selon l’enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC) publiée en 2016, les chutes représentent 80 % des accidents de la vie courante au-delà de 65 ans. Les trois quarts des décès par chute, tous âges confondus, sont survenus chez des personnes âgées de plus de 75 ans.
Il s’agit d’une maladie chronique qui nécessite d’être prévenue précocement en maintenant la bonne santé fonctionnelle des séniors.
Mais il faut également agir pour prévenir l’épuisement des aidants en leur apprenant les bons gestes pour favoriser le maintien des capacités des personnes aidées et diminuer les risques TMS liés aux manutentions.
■ 5- Créer une fonction de kinésithérapeute coordonnateur dans les Ehpad et l’HAD
Nous proposons de :
• Créer un statut de kinésithérapeute-coordonnateur au sein des Établissements et services médico-sociaux (ESMS) et de l’hospitalisation à domicile (HAD) afin d’orienter et d’organiser les prises en charge des patients. Dans les Ehpad, les kinésithérapeutes peuvent jouer un rôle de coordination dans les prises en soins rééducatives afin de préserver l’autonomie et la mobilité des résidents et solliciter leurs capacités. Ils peuvent aussi participer dans ce cadre à préserver les soignants des risques TMS liés aux manutentions.
• Reconnaître et créer en Ehpad un poste de kinésithérapeute coordinateur participera à mieux évaluer et coordonner les besoins en rééducation pour maintenir l’autonomie des résidents et préserver la santé des soignants.
• Encourager la formation en gériatrie de l’ensemble des professionnels de santé est aussi essentiel pour augmenter l’efficience des soins coordonnés. La FFMKR milite par ailleurs pour la création d’un guichet unique de gériatrie permettant de recenser l’ensemble des actions en cours et de s’appuyer sur les projets innovants en cours ou existants.
L’IMPORTANCE DES SOINS DE KINÉSITHÉRAPIE POUR PRÉSERVER L’AUTONOMIE DÉMONTRÉE GRANDEUR NATURE LORS DU PREMIER CONFINEMENT • Le périmètre de marche moyen des résidents a fondu de près de 75 %, passant de 117 m à 32 m, • Le nombre de patients ayant désormais besoin d’une aide pour marcher a doublé, • 25 % des patients les plus fragiles ne marchent plus, • Le nombre de patients capables de se lever seuls d’une chaise a diminué de 60 %, • Le nombre de patient ayant besoin d’une aide technique maximale pour marcher (déambulateur 4 patins) a augmenté de 60 %, • Le pronostic d’autonomie et de mobilité de ces patients est engagé, pouvant conduire à une grabatisation accélérée du fait de l’isolement surajouté qui catalyse ce phénomène. |
■ 6- Revaloriser et faciliter les soins à domicile
Les kinésithérapeutes sont aussi des acteurs du domicile. En se déplaçant chez les patients âgés, ils participent à leur maintien chez eux, ou à leur retour précoce dans le cadre du virage ambulatoire. Connaître l’environnement du patient est aussi un élément essentiel pour les prises en charge des soins et le maintien de son indépendance.
Ces déplacements doivent toutefois être mieux valorisés pour permettre aux kinésithérapeutes de poursuivre cette stratégie du domicile. Accorder une juste indemnisation des déplacements des kinésithérapeutes au domicile et leur faciliter le stationnement (gratuité) permettra de ne pas pénaliser les personnes à mobilité réduite.
■ 7- Préserver les aidants
La FFMKR propose de créer un acte d’accompagnement des aidants à domicile. Actuellement, 11 millions d’aidants sont compris dans la tranche d’âge de 50 à 64 ans, près de la moitié d’entre eux déclarent avoir une maladie chronique, 29 % se sentent anxieux et stressés et un quart déclare ressentir une fatigue physique et morale (source Drees). 30 % des aidants décèdent avant les aidés.
Les aidants seraient formés grâce à l’expertise des kinésithérapeutes, afin de limiter l’apparition de TMS liés aux manutentions et aux transferts de la personne aidée, et contribuer ainsi à limiter le risque de survenue de burn-out.
AXE 3 : RENFORCER ET DÉVELOPPER L’ACCÈS AUX SOINS
La désertification médicale dans la quasi-totalité des territoires provoque des difficultés grandissantes d’accès aux soins. Plus de 6 millions de patients, dont 10 % en affection de longue durée, n’ont pas de médecin traitant. Les patients sont ainsi poussés à se tourner vers les services d’urgence hospitaliers pour des soins non vitaux relevant des soins de ville.
Repère : l'entorse de cheville représente 7 à 10 % des pathologies d’urgence hospitalière soit environ 6 000 passages aux Urgences chaque jour. |
« Pour donner davantage d’autonomie au kinésithérapeute »
Donner davantage d’autonomie au kinésithérapeute permettra de soulager les tensions sur l’accès aux soins. Cette autonomie s’inscrit dans le cadre d’une coordination du parcours de soins en lien avec l’équipe traitante de soins qui entoure le patient. Cette coordination est assurée à l’aide des outils numériques (messagerie sécurisée, applications, espace de santé numérique). La densité de kinésithérapeutes sur l’ensemble du territoire permettra une amélioration rapide et visible de l’accès aux soins, générant à terme des économies sur les dépenses de santé sur les recours non justifiés à l’hôpital, et sur les complications liées aux retards de prise en charge. Nous proposons 4 initiatives permettant de mieux utiliser les ressources en kinésithérapie.
■ 8- Accélérer l’accès direct
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 enclenche l’accès direct au kinésithérapeute dans le cadre expérimental. C’est une première étape qui risque de prendre du temps en raison de la complexité de sa mise en œuvre alors que la dégradation des conditions d’accès au médecin dans les territoires sous dotés exige des solutions concrètes et rapides. Nous proposons de faciliter l’accès direct aux soins de kinésithérapie en lien avec le médecin qui s’auto-financera en grande partie par les économies générées.
■ 9- Développer le droit de prescription
Depuis 2006, les kinésithérapeutes disposent d’un droit de prescription limité à certains dispositifs médicaux. Pour libérer du temps médical aux médecins traitants et fluidifier les prises en charge, nous proposons, d’une part, d’étendre ce droit de prescrire à certains actes d’imagerie, à l’activité physique adaptée et au dépistage des infections sexuellement transmissibles, et d’autre part, de permettre aux kinésithérapeutes de prescrire un arrêt de travail initial dont la durée serait limitée à 5 jours.
■ 10- Valoriser les spécificités d’exercice
Plus de 40 % des kinésithérapeutes déclarent avoir une spécificité d’exercice, c’est-à-dire un champ disciplinaire dans lequel ils ont développé des compétences spécifiques du fait d’un haut niveau de formation continue complémentaire et d’une expertise particulière dans le domaine concerné. Valoriser ces compétences est un enjeu pour l’amélioration de la qualité et la pertinence des soins.
■ 11- Intégrer les kinésithérapeutes aux services d’urgence, aux maisons de garde et dans la permanence des soins
Dans de nombreux pays, des kinésithérapeutes exerçant aux urgences se voient confier certains actes qui sont, en France, réservés aux médecins urgentistes. Ces exemples peuvent être utilement transposés en France en répondant à la fois au cadre législatif (Article L. 4301-1 du Code de la santé publique - CSP) et aux principes des piliers du Ségur de la santé. À cette occasion, il faudra lever les freins à l’exercice mixte (hospitalier et libéral) des kinésithérapeutes, déjà possible pour certaines professions de santé dont les médecins.
Confier aux kinésithérapeutes la régulation, le tri et la réorientation des patients souffrant de pathologies musculosquelettiques aux Urgences ou dans une organisation de soins coordonnés permettrait, d’une part, de libérer du temps médical permettant au médecin de se consacrer aux urgences vitales et, d’autre part, de réduire les temps d'attente aux Urgences en améliorant l'efficacité des soins dispensés.
AXE 4 : FLUIDIFIER LES PRISES EN CHARGE
Les difficultés d’accès aux soins sur tout le territoire et l’évolution des compétences médicales et paramédicales appellent à poursuivre l’harmonisation des formations en santé, ce qui a déjà été amorcé par la réforme des études de santé, et à décloisonner les professions dans le cadre de la coordination interprofessionnelle, loin des corporatismes. Les kinésithérapeutes libéraux, qui bénéficient d’une démographie jeune et dynamique avec 77 000 professionnels répartis sur le territoire, doivent être des acteurs centraux de ces évolutions. Nous proposons 4 mesures pour décloisonner l’exercice et favoriser l’harmonisation des formations.
Repère : Depuis près de 20 ans, la FFMKR milite pour l’autonomisation et l’indépendance de la profession en faveur de la pertinence, la qualité, la sécurité et l’accès aux soins. |
« Pour faire de la kinésithérapie une profession médicale »
■ 12- Reconnaître le statut de profession médicale à la kinésithérapie
Cette mesure forte, attendue par la profession, est un levier pour développer une coopération interprofessionnelle qui peine à se mettre en place. Cela permettra de valoriser la complémentarité des professions pour créer une dynamique centrée sur le patient. La transformation des compétences et du champ de la kinésithérapie au cours des 30 dernières années, ainsi que l’enrichissement de la formation initiale portée au grade de Master, justifient cette évolution. Cette reconnaissance doit être assortie à l’écriture d’un décret de compétences pour remplacer un décret d’actes et d’exercice obsolète qui freine la mobilisation de la profession.
■ 13- Intégrer pleinement le kinésithérapeute à la coordination et reconnaitre et valoriser les équipes de soins autour du patient (ESCAP)
Que ce soit dans le cadre d’un épisode de soins donné, ou dans le cadre de pathologies lourdes et chroniques, la coordination ne peut se réduire au triptyque « infirmier, médecin, pharmacien ». La coordination doit s’appuyer sur l’expertise du kinésithérapeute en complémentarité avec les autres professionnels intervenant auprès du patient, notamment pour détecter les troubles fonctionnels.
La prise en charge des patients dans une logique de parcours de soins nécessite la reconnaissance et la valorisation des équipes de soins coordonnées autour du patient (ESCAP). Cette mesure permet au patient de conserver les soignants qui le connaissent. L’objectif est de ramener le patient au cœur du sujet, de permettre à n’importe quel professionnel de santé de déclencher une coordination autour d’un patient, en se rapprochant des autres professionnels de santé gravitant autour de lui, éventuellement en l’aidant à trouver d’autres professionnels (médecin traitant s’il n’en a pas, notamment). Les ESCAP apportent des réponses à la régularisation des accès aux soins, permettent d’éviter les passages inutiles aux Urgences, limitent le recours à l’hospitalisation et contribuent au décloisonnement ville-hôpital.
■ 14- Intégrer la kinésithérapie au parcours de recrutement commun aux études de Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie et Kinésithérapie (MMOPK)
Les étudiants en kinésithérapie réalisent cinq années de formation délivrant un diplôme de grade Master. Dans le cadre de leurs études en santé, les étudiants suivent une première année d’enseignement universitaire majoritairement PASS ou LAS (de façon plus anecdotique STAPS ou biologie) avant d’être confrontés à un examen sélectif (numerus apertus) pour ensuite intégrer un Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie (IFMK) pour une de durée de quatre ans.
Afin de permettre de développer des compétences communes aux différentes professions de santé dès le début des études et dans un souci d’harmonisation des parcours, il est indispensable de se tourner vers un modèle unique, un parcours de recrutement intégrant notre profession dans un modèle MMOPK, commun aux études de Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie et Kinésithérapie sur tout le territoire.
■ 15- Reconnaître le statut d’enseignant-chercheur bi-appartenant en kinésithérapie
Pour avoir accès à la recherche, un parcours de master-doctorat parallèle et/ou à la suite des études de kinésithérapie est nécessaire.
Or, contrairement aux professions médicales ayant ce même parcours et obtenant, après leur thèse, un statut d’enseignant-chercheur bi-appartenant, les kinésithérapeutes souhaitant faire de la recherche et de l’enseignement sont les seuls professionnels à ne pas avoir accès à ce statut. Ils doivent ainsi se satisfaire d’un statut d’enseignant-chercheur mono-appartenant impliquant théoriquement l’abandon de leur activité clinique.
Nous demandons de permettre la bi-appartenance aux enseignants-chercheurs en kinésithérapie.
La profession s’engage
NOS 10 ENGAGEMENTS
Pour accompagner les évolutions substantielles que nous proposons, la profession doit prendre des engagements forts destinés à garantir le meilleur niveau de qualité et de sécurité des soins. La prise en charge est fondée sur la preuve (evidence based medicine – EBM et evidence based practice - EBP), la bientraitance, le respect du patient et de ses droits. Les soins de kinésithérapie s’intègrent au parcours de soins et au parcours de prévention du patient. Ils contribuent à l’efficience des dépenses de santé.
Les kinésithérapeutes s’engagent à :
1) Maintenir et accroître leurs compétences et connaissances professionnelles en respectant les obligations de développement professionnel continu (DPC) et en se mobilisant sur la certification périodique ;
2) Développer un haut niveau de compétence en lien avec leurs nouvelles missions ;
3) Instaurer une démarche qualité des cabinets,
4) Implémenter obligatoirement la fiche de synthèse du Bilan diagnostic kinésithérapique (BDK) au Dossier médical partagé (DMP), désormais partie intégrante de l’Espace numérique en santé avec retour systématique au médecin traitant et/ou à l’équipe de soins ;
5) Rejoindre les modalités de coordination interprofessionnelle souples dans le cadre des équipes traitantes de soins coordonnées autour du patient ;
6) Promouvoir l’EBP, la pertinence de la qualité des soins et des parcours ;
7) Respecter les droits des usagers et l’accès aux soins pour tous ;
8) Participer activement au changement de regard sur le vieillissement, les personnes âgées et sur le handicap lourd ;
9) Mener des campagnes de prévention dans le cadre des URPS de Kinés ;
10) Limiter l’impact environnemental de leur activité.